Vous avez accouché, votre bébé grandit bien, mais votre corps vous envoie encore des signaux inattendus. Si les rapports sexuels sont devenus douloureux depuis la naissance, sachez que ce n’est ni rare ni « dans votre tête ».
C’est ce qu’on appelle la dyspareunie post-partum, et c’est un sujet important qu’on aborde encore trop peu. Cet article vous explique avec bienveillance pourquoi cela arrive, ce que vous pouvez faire, et surtout : pourquoi vous n’avez pas à subir.
Qu’est-ce que la dyspareunie post-partum ?
Le mot peut paraître barbare, mais la réalité derrière est simple : il s’agit de douleurs pendant les rapports sexuels après l’accouchement. Cela peut se manifester de différentes façons et concerne une part importante des nouvelles mamans, surtout dans les six premiers mois après la naissance.
On parle souvent de « manque de libido« , mais il est essentiel de comprendre que la douleur physique est réelle, fréquente, et mérite d’être prise au sérieux. Elle peut avoir un impact sur la confiance en soi, sur la relation de couple, et sur le bien-être général.
Symptômes fréquents
Chaque femme est différente, mais les plaintes les plus fréquentes incluent :
- Douleur au niveau de l’entrée du vagin, notamment lors de la pénétration
- Douleurs profondes ressenties en cours de rapport
- Sensation de brûlure, tiraillements ou élancements
- Douleur qui persiste plusieurs heures après le rapport
- Sécheresse vaginale ou au contraire, sensation de relâchement
- Petits saignements ou irritations après le sexe
- Perte de désir sexuel
Même si ces symptômes sont communs, ils ne doivent pas être banalisés.
Pourquoi ça fait mal ? Les causes courantes
Plusieurs mécanismes entrent en jeu, souvent combinés :
- Les hormones : Pendant l’allaitement, les œstrogènes diminuent, ce qui peut rendre la muqueuse vaginale plus fine et plus sèche — un peu comme lors de la ménopause.
- Les cicatrices : Une déchirure, une épisiotomie ou une césarienne peuvent laisser des zones sensibles, moins élastiques, douloureuses au toucher ou à l’étirement.
- Le plancher pelvien : Après l’accouchement, les muscles peuvent être soit trop tendus (ce qui provoque une sorte de blocage), soit trop faibles (ce qui engendre une sensation de relâchement ou de gêne).
- L’hypersensibilité locale : Des zones comme l’entrée du vagin peuvent devenir très sensibles, souvent à cause des changements hormonaux ou de cicatrices mal intégrées.
- La fatigue et le stress : Le manque de sommeil, les pleurs du bébé, les émotions fortes… tout cela peut augmenter la sensation de douleur et diminuer l’envie.
- Les émotions : L’anxiété, la dépression post-partum, ou simplement le manque de soutien peuvent majorer la perception de la douleur.
Quels sont les facteurs de risque ?
Certaines situations augmentent la probabilité de souffrir de dyspareunie post-partum :
- Accouchement par voie basse avec déchirure ou épisiotomie
- Cicatrisation difficile ou infection locale
- Allaitement (à cause des effets hormonaux)
- Âge jeune à l’accouchement
- Utilisation de certains moyens de contraception
Comment soulager la douleur et retrouver une sexualité épanouie ?
Heureusement, il existe des solutions concrètes, souvent simples, qui peuvent faire une vraie différence :
- Lubrifiants et hydratants intimes : Choisissez des produits sans parfum, à base d’eau, pour compenser la sécheresse vaginale.
- Rééducation périnéale : Un·e kinésithérapeute spécialisé·e peut vous aider à détendre ou tonifier les muscles du plancher pelvien.
- Massage des cicatrices : En apprenant à masser doucement la zone, la souplesse peut revenir progressivement.
- Traitements hormonaux locaux : Sur prescription médicale, des crèmes aux œstrogènes peuvent réduire la sécheresse et l’irritation.
- Communication avec le·la partenaire : Prenez le temps, communiquez vos sensations, reprenez la sexualité en douceur.
- Soutien psychologique : Un accompagnement bienveillant, parfois juste quelques séances, peut faire toute la différence.
N’oubliez pas : vous avez le droit de demander de l’aide, ce n’est pas une faiblesse.
Durée et évolution dans le temps
Les douleurs ne durent pas toujours. Voici une idée des chiffres :
Délai après l’accouchement / % de femmes touchées
3 mois / 31–64%
6 mois / 17-45%
12 à 18 mois / 8–32%
24 mois / 12% environ
Pour beaucoup, la douleur diminue avec le temps. Mais si elle persiste au-delà d’un an, il est conseillé de consulter un·e spécialiste. Un suivi adapté peut améliorer grandement la qualité de vie.
Foire aux questions (FAQ)
La douleur après l’accouchement est-elle normale ?
Elle est fréquente, mais non, elle n’est pas « normale » si elle persiste. Cela mérite toujours une attention.
Est-ce que l’allaitement aggrave la douleur ?
Oui, il peut temporairement accentuer la sécheresse vaginale à cause des hormones.
Dois-je arrêter les rapports ?
Pas forcément, mais écoutez votre corps. Reprendre en douceur, avec des lubrifiants et sans pression, est essentiel.
Est-ce que la kiné périnéale est vraiment utile ?
Oui, elle aide à détendre, renforcer et reconnecter avec cette zone souvent mise à rude épreuve.
Et si j’ai honte d’en parler ?
Vous n’êtes pas seule. Beaucoup de femmes vivent la même chose. Les professionnel·les sont là pour vous écouter sans jugement.
Si vous ressentez des douleurs pendant vos rapports depuis l’accouchement, vous avez le droit de poser des questions, de chercher des solutions, et surtout : de ne pas rester seule avec ça. Le post-partum est déjà un moment intense — votre confort intime mérite autant d’attention que le reste.
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UZB
Clinique du Périnée
Si vous vous reconnaissez dans cet article, parlez-en avec un·e professionnel·le de santé de confiance. Vous méritez de vous sentir bien, dans votre corps, dans votre intimité, dans votre vie.
